C’est un artiste multi-casquette qui n’a pas fini de faire parler de lui !
Esken est auteur-compositeur-interprète avec un style unique de pop alternative aux références rap, rock et électro. À l’occasion de son concert aux Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne, la rédaction est allée à la rencontre du jeune homme de 25 ans.
Quel est votre parcours ? D’où vous vient cette passion pour la musique ?
J’ai commencé à écrire dans mon enfance et je fais de la scène depuis tout petit. Au début, c’était écrire des histoires ou des poésies. J’ai fait du théâtre d’improvisation de 5 à 15 ans. J’ai toujours eu un rapport à la scène, puis le côté musical a commencé à venir au collège avec des freestyles de rap et petit à petit, c’était des prods YouTube. Ensuite, j’ai rencontré Nysa avec qui je fais toutes mes prods, et avec le temps le projet s’est « popifié ». J’ai fait pendant pas mal d’années du rap, des open mics, des scènes, des coplateaux rap… Mais aujourd’hui, le projet est devenu plus pop.
Tout part d’un amour de l’écriture et de la scène depuis l’enfance ! La musique était ce qui réunissait le plus la scène et l’écriture. Pour moi, c’est un mélange. Au départ, ce n’était pas forcément la musique que j’avais en tête, mais c’est venu naturellement. Plus jeune, j’ai inventé un concept qui s’appelle les « 3 P », c’est Paroles, Plume et Personnalité. Je savais dans quel domaine je voulais travailler : des chroniques radio, des articles de magazine ou même présentateur télé un jour, pourquoi pas ! Il faudrait que ce soit quelque chose où je parle, où je joue un peu, où j’écris.
La musique me parlait énormément et c’est un moyen de m’exprimer qui est assez fou. Ça m’a permis de rencontrer plein de gens et de bouger. J’ai trouvé mon bonheur et mon équilibre dans ce milieu-là, mais je ne suis pas fermé à changer, le jour où j’en aurai assez.
Pourquoi c’était important pour vous de venir aujourd’hui aux Hôpitaux ?
En parallèle de mon projet musical, j’anime des ateliers d’écriture dans des milieux scolaires et hospitaliers. C'est vraiment ma révélation d’il y a quelques années puisque ça m’offre une possibilité de retirer le côté un peu égocentré de la musique. Parce que c’est « mes paroles, ma gueule, mon projet, ma cover, mon clip, ma promo, moi moi moi… ». Je m’aime beaucoup, mais à un moment c’est fatigant. Se mettre au service des autres, c’est ultra enrichissant, et je trouve ce plaisir-là dans la transmission et dans la pédagogie au sein de ces ateliers d’écriture. Donc pour moi, c’était important d’être là aujourd’hui. C’est une continuité, une activité en parallèle, un peu la cerise sur le gâteau.
C’est ce qu’on a pu travailler avec les patients : on a travaillé des textes, on a fait des exercices de rimes, de rythme, d’interprétation, et là c’est la consécration. Ils vont toutes et tous pouvoir représenter le texte final qu’on a pu travailler ensemble. De mon côté, je vais faire une représentation devant eux, et on va passer un bon moment partagé ensemble, d’égal à égal. On partage la même scène, le même micro, devant le même public, et c’est top !
Moi, mon rapport à Saint-Maurice, c’est l’hôpital via le festival de Marne. Ma très bonne amie Élodie Mermoz, qui est mon ancienne manageuse, m’a dit que le festival de Marne avait un budget pour des ateliers et qu’elle avait pensé aux Hôpitaux Paris Est Val-de-Marne. C’est elle qui nous a mis en relation. J’ai pitché le projet, j’ai expliqué au docteur Cantero et à ses équipes ce que ça pouvait être. Il était partant et on a lancé le projet. Depuis, je suis lié à la ville de Saint-Maurice comme ça, via son hôpital. J’ai eu l’occasion de manger au traiteur chinois de Saint-Maurice, de me balader un petit peu, de prendre quelques cafés dans cette adorable ville.
Qu’est-ce qui vous plaît dans la musique, qu’est-ce qui vous touche ?
Dans le cadre des ateliers que je fais, on pourrait parler « d’art-thérapie », mais en fait pour moi c’est un pléonasme. L’art est thérapeutique et le concept d’art-thérapie, c’est juste dire deux fois la même chose !
C’est ce qui m’a permis d’extérioriser beaucoup de choses qui étaient en moi et qui ne s’extériorisaient pas autrement. Parmi tout ça, il y avait du mal-être, un rapport aux addictions, un rapport à l’amour, à la vie, à la mort, et puis de le faire de manière super fun plutôt que de pleurer tout seul dans mon lit.
Je chante devant des centaines de personnes mes traumatismes, les trucs difficiles de la vie, des trucs auxquels les gens peuvent s’identifier et se comparer, se dire : « Ah oui, lui il vit ça, et moi aussi je vis pareil ». Donc non, c’est un moyen d’expression libérateur et amusant à travailler. Composer des instrumentales, les interpréter sur scène aux côtés de mon guitariste, c’est juste génial ! Je n’ai jamais trouvé autre chose qui arrive ne serait-ce qu’à la cheville de la musique, pour me fournir autant de belles émotions.
Quelles sont les valeurs que vous souhaitez transmettre à travers vos chansons ?
Je ne suis pas le plus gros artiste militant actuellement. C’est-à-dire que je vais parler, parce que j’ai un peu le syndrome de l’imposteur. Je ne me sens pas de parler de ce qui ne me concerne pas. Non pas que je n’aie pas envie de dénoncer, par exemple, les inégalités ou la discrimination. Je ne me sens pas encore légitime à le faire.
J’interviens dans un hôpital psychiatrique et j’ai personnellement eu des problèmes liés à la santé mentale. Je parle alors beaucoup de santé mentale. J’ai eu beaucoup d’histoires d’amour, alors je parle beaucoup d’amour. Je parle de mon vécu. Je m’appelle Arthur, mais mon projet c’est Esken. Esken, c’est Arthur ; Arthur, c’est Esken. Il n’y a pas vraiment un personnage et une sorte de double vie, comparé à d’autres artistes. Moi, c’est la même personne : Esken transmet les mêmes valeurs qu’Arthur, et inversement.
Comment trouvez-vous votre inspiration ? Quels artistes ont été des modèles pour vous ?
Franchement, j’écoute de tout. Il n’y a pas un artiste ou une artiste en particulier. L’interview prendrait trois heures si je vous citais tous les artistes que j’adore et que j’admire ! Disons que moi, ce qui m’inspire, ça va partir d’une prod, d’une instrumentale. On va composer, avec Nysa, mon binôme, mon guitariste, et c’est de la prod que va partir l’inspiration.
Ça va allumer des petites lumières dans mon cerveau, dans mon cœur, et je vais me dire : « Waouh, ça me fait penser à ça », tout va partir de la musique. Je sais qu’il y a certains artistes qui vont pouvoir écrire dans le bus en pensant à rien, en se baladant, etc. Moi, j’ai besoin de ce support musical, parce qu’il va réveiller dans mon inconscient des souvenirs, des envies, des peurs, des angoisses, des ambitions, etc. C’est la musique qui réveille l’inspiration.
Quels sont vos projets à venir ?
Le 25 juin prochain, il y a mon nouvel EP de six titres, mon nouveau projet “Tout passe”, qui sort. On fêtera la sortie le 27 juin à la Java à Belleville. Il y a aussi quelques festivals cet été et l’idée, ça va être de continuer à faire la meilleure musique possible ! On va essayer de communiquer autour de cette musique le mieux possible, pour pouvoir avoir un plus grand public et finir par faire l’Olympia d’ici quelques années. C’est l’objectif secret !
Propos recueillis par Louis Dos Santos